SOPHIE STADLER – « Nouvelles agences, rencontre d’un 3e type » – CB News – Paris – Février 2022
« Il y a les formats à part, totalement nouveaux et inclassables qui n’ambitionnent surtout pas de tirer les tarifs vers le bas mais désirent insuffler un vent d’innovation et d’efficacité grâce à ces nouvelles formes de structures réputées plus agiles. «Je revendique d’avoir créé une plateforme, assure Elie Ohayon, fondateur de Master the Monster (MTM) lancé fin 2019 et ex-DC de grandes agences (BETC, McCann, Saatchi, etc.).
J’ai constaté que depuis 3 ou 4 ans, les besoins de contenus des marques avaient radicalement changé. Nous sommes passés d’un modèle où les grands annonceurs avaient besoin d’un à trois ou quatre films maximum par an, à une nouvelle ère où toutes les entreprises petites ou très grandes ont constamment besoin de films, de vidéos, de contenus en fonction de la marque et de ses marchés. Certaines ont besoin de produire jusqu’à 4000 vidéos par an !
Le tout avec toujours moins de temps, plus ou moins d’argent et surtout moins de monde en entreprise, c’est-à- dire moins de salariés, et aussi depuis le Covid moins de gens en présentiel. Selon différentes études citées par la plateforme,84% des consommateurs déclarent avoir été convaincus d’acheter un produit ou un service en regardant la vidéo d’une marque. 85 % des entreprises utilisent la vidéo dans leur stratégie marketing en France et 58 % ont une vidéo sur leur page d’accueil. 500 heures de vidéo sont uploadées chaque minute sur YouTube et 82 % des entreprises utilisent des vidéos explicatives! Les marques sont ainsi elles-mêmes devenues de vraies plateformes de contenus et ne peuvent plus se contenter de proposer des contenus amateurs produits en interne, à la va-vite ou via des influenceurs dont l’image peut vriller d’une seconde à l’autre. Et surtout, pour épater et multiplier les « taux d’engagement» les annonceurs doivent aussi démontrer qu’ils maîtrisent ou sont précurseurs en matière de technologies. Impossible désormais de faire l’impasse sur les effets spéciaux, le motion design, les formats longs, les enquêtes et documentaires, les montages bluffants, les lives expérientiels ou même la réalité virtuelle ou la réalité augmentée et maîtriser les arcanes du Metavers… «MTM, propose donc de rendre accessible la production de contenus vidéo aux entreprises de toutes tailles à partir de sa plateforme de mise en relation et de gestion de la production, ajoute Elie Ohayon. MTM est une marketplace de producteurs de documentaires, de vidéos, de gaming, de VR et de toutes les technologies possibles pour créer des contenus créatifs et originaux pour tous les budgets. L’algorithme propose des producteurs en fonction du brief et seulement trois au maximum pitcheront l’appel d’offres ».
Ensuite MTM invente également un outil de workflow et project management inédit sur le marché qui permet de réaliser ces contenus vidéo en équipe mais à distance partout dans le monde (annotations, partages des vidéos, audios, casting, retouches, montage, etc.). «Il n’existe aucun équivalent au monde qui aille aussi loin pour produire à distance et en équipe, souligne Elie Ohayon. Mais attention, les boîtes de prod reçoivent des invitations à répondre à des briefs en fonction des critères qu’elles ont elles-mêmes renseignés. Il n’y a donc pas d’ubérisation et de tarifs tirés vers le bas. Elles choisissent totalement les budgets auxquels elles veulent répondre.»
Le modèle est assez radical: si un client ne trouve aucune maison de production pour son projet c’est clairement qu’il y a un souci dans son brief et c’est alors bien souvent ses tarifs qu’il doit remettre en cause.
MTM travaille actuellement avec une dizaine de salariés et une centaine de maisons de production. Elle a réalisé des contenus pour L’Oréal, la SNCF, Cap Gemini, la Fédération Française du Bâtiment, mais aussi pour une multitude de TPE et PME. La plateforme s’installe en ce début d’année aussi aux Etats-Unis, à New York puis bientôt à Los Angeles, où elle a déjà référencé une quarantaine de boîtes de prod avec lesquelles collaborer.
«L’avantage de ces structures c’est que même si leurs tarifs ne sont pas nécessairement plus bas, elles acceptent de s’intéresser pleinement à des budgets parfois moindres », ajoute Nathalie Desaix chez 20 Minutes. Tous les annonceurs n’ont pas toujours le projet de faire des superproductions, et certaines grandes agences n’acceptent pas toujours les one shot, ou alors exigent de signer un contrat d’accompagnement à long terme ou ne sont pas motivées.
«La dans ces agences « plateformes » et engagées, avec une belle éthique, comme justement les créatifs sont toujours hyper motivés, ne travaillent que sur les projets qui les passionnent, ont plein d’idées et se lancent en connaissant clairement les budgets », ajoute Nathalie Desaix. C’est la fin des faux-semblants, des non-dits et des quiproquos malsains et malvenus, « Et c’est surtout la fin des compétitions et de la course à l’échalote pour trouver les deux ou trois gros budgets qui feront vivre l’agence pendant un an ou plusieurs années!» ajoute Pascal Grégoire. Ultimes arguments qui devraient faire mouche auprès des créatifs en mal de conviction et de vocation? »